Jan Waclaw ZAWADOWSKI, dit ZAWADO, (1891- 1982) est un peintre polonais, un lyrique proche des post-impressionnistes, en activité en France durant le vingtième siècle et particulièrement en Provence. La longévité de son oeuvre, étendue sur 70 années, explique sa diversité picturale, faite de ses influences premières jusqu'à la maturité de son style propre et unique.

ELEMENTS BIOGRAPHIQUES ET CRITIQUES :

Originaire de Volhynie (Pologne russe) le jeune ZAWADOWSKI découvre la peinture française (entre autre Gauguin, Pissarro, Seurat, Van Gogh) chez une amie de ses parents. Sa vocation est née ce jour-là. Cela ne l'empêche pas pour autant de se passionner pour la musique et la poésie (Mallarmé, Rimbaud). Il fera preuve par la suite d'une très grande culture littéraire et d'une mémoire fantastique.

- En 1910, il entre dans l'atelier du Professeur Joseph Pankiewicz, à l'Ecole des Beaux-Arts de Cracovie. Il se familiarise avec l'impressionnisme et le post-impressionnisme.

- En 1912, ce dernier l'encourage à se rendre à Paris.

Après un court séjour à « la Ruche » il s'installe à Montmartre. Puis avec ses amis : Apollinaire, Cendrars, Chagall, Delaunay, Léger, Max Jacob, Modigliani, il devient l'un des acteurs de la communauté artistique de Montparnasse. Il signe alors son unique contrat d'exclusivité avec le marchand de tableaux allemand, Paul Cassirer, spécialiste des grands artistes de ce temps : Bonnard, Braque, Cézanne, Degas, Derain, Pissarro, Renoir.

- En 1913 et 1914, plusieurs expositions ont lieu à Berlin, Cologne, Düsseldorf et Munich.

L'été il séjourne à Saint-Cirq-Lapopie, ce beau village du Lot, qui encore aujourd'hui attire les artistes.

C'est en compagnie de son professeur J. Pankiewicz qu'il visite le musée du Louvre où il retrouve Bonnard pour parler d'art. C'est également avec son professeur qu'il se rend à Giverny.

Il avoue un jour à un journaliste que l'influence de Bonnard a été déterminante dans son œuvre. 
A l'occasion d'une exposition à Paris en 1945, le célèbre critique d'art Waldemar Georges s'exprime ainsi :
« En 1939, l'Ecole Polonaise, composée des disciples de Pankiewicz, subissait très nettement l'ascendant de Bonnard. Je ne pense pas que ZAWADO ait été étranger à cette orientation.
Le peintre que voici est un coloriste d'une qualité très rare. Ses altiers paysages de Provence sont littéralement inondés de lumière. Mais, suivant en cela l'exemple du peintre d'Aix, ZAWADO ne peint pas les effets d'éclairage. Il les exprime par des équivalents. Il trouve des couleurs susceptibles d'en rendre l'intensité. Le trait dominant de ses récents tableaux est un rythme d'une étrange éloquence. Ce rythme ne comporte aucune trame linéaire. ZAWADO dessine par la couleur et module, comme disait Paul Cézanne dans les localités.
On peut étudier le processus de son travail plastique. On peut tenter de forcer son secret. Ce qui est plus malaisé c'est de rendre perceptible le charme de sa peinture, l'éclat rutilant de ses tons et le mouvement cadencé de ses formes. J'ajoute que tons et formes se confondent dans ses œuvres. »

- En 1914, ZAWADO est en séjour dans le midi, à Beaucaire. Il y parcourt la campagne à pied et peint beaucoup. A cause de sa nationalité autrichienne, il est arrêté et emprisonné à Nîmes. On le libère ensuite pour l'expulser vers l'Espagne.
Il demeure alors quatre années à Sagunto, puis à Madrid. Madrid, qu'il rejoint à pied, devenue un centre artistique pour réfugiés. Il y retrouve ses amis peintres polonais ainsi qu'Artur Rubinstein. Le peintre fait aussi la connaissance de Manuel de Falla, de Diaghilev et de Stravinsky.

- En 1919, il rentre à Paris, et s'installera ensuite dans l'atelier de Modigliani qui décédera en 1920.

- En 1921, à la demande de Foujita, il vient passer l'été à Collioure. Ainsi, hors de Paris il peut peindre des paysages.

- En 1922, il séjourne à Sanary.

- En 1925, il découvre la Bretagne à Saint-Michel-Chef-Chef. 
Cette même année, ZAWADO est l'un des fondateurs du groupe « Jednorog » (qui représente une orientation coloriste) très présent à Paris.

- Ensuite en été 1926, il partage avec Soutine la maison que Zborowski a loué pour ses protégés : à Le Blanc dans l'Indre.

Très lié avec Zborowski, un des grands marchands d'art moderne et notamment de Modigliani, il lui confie la vente de ses tableaux. Mais il ne signe plus aucun contrat. C'est Zborowski qui lui demande de signer ses œuvres ZAWADO.

- En 1928, il entre au « Cercle des artistes polonais à Paris ».

- Entre 1920 et 1930, il participe activement à la vie artistique de l'Ecole de Paris.

Il évolue dans un cercle de musiciens tel : Eric Satie ; d'écrivains tels : Gide, Hemingway, André Salmon et James Joyce dont il fait le portrait. Il côtoie les peintres : Abdul Wahab, Utrillo, Vlaminck, et Ortiz de Zarate.

Il expose en Pologne et à Paris.
- En 1930, ZAWADO commence à séjourner prés d'Aix-en-Provence.

- En 1938, il prend la direction, à Paris, de l'Institut polonais des beaux-arts jusqu'à l'entrée de l'armée allemande dans la capitale. Plus tard, il déclinera une offre de professeur en Pologne.

- En 1945, il s'installe définitivement à Aix.
Il travaille maintenant sans plus aucune influence. Les tons de sa palette évoluent en fonction de la lumière particulière à la Provence.
ZAWADO ne date ni ses toiles, ni ses aquarelles. Seule la décennie des années 1950, reçoit le nom de « période verte » en raison de l'emploi dominant de cette couleur.

Il garde un atelier à Paris et on le retrouve sur les cimaises de la galerie Bénézit.
Waldemar George, déjà cité plus haut, écrit ceci en 1967 : 
«... Promeneur solitaire Zawado garde intact son don de la couleur et sa fraîcheur de perception optique. Il communie avec les forces du monde et crée dans la joie. Son art incarne une jeunesse éternelle et un état de perpétuel devenir. Ses radieux tableaux de la nature et ses scènes de la vie silencieuse ne sont pas des projections directes de la réalité. Ce sont, avant toute chose, des rythmes dionysiaques de valeurs chromatiques. 
S'il capte et fixe les apparences sensibles, Zawado a le pouvoir étrange de les transfigurer et de les transmuer. Si ses œuvres paraphrasent ou évoquent les paysages solaires de la Provence, ils en expriment la loi d'harmonie par voie d'associations et de correspondances. Son travail du pinceau prime le choix de ses thèmes. Ses motifs ne sont que des prétextes. Ils forment la trame de ses poèmes visuels. »

D'importantes expositions ont lieu également à Londres.

Pendant vingt ans il expose régulièrement en Suisse. A propos de l'exposition de Lausanne en 1958, Gabrielle Buffet-Picabia écrit :
« ...Sans s'efforcer à des recherches d'avant-garde, sa conception picturale s'épure et ne cesse de s'élargir. ( L'influence cézannienne ( le Cézanne des sous-bois dernière manière) décelable dans ses œuvres anciennes s'est dissoute dans une conception personnelle, sorte de tachisme géant, où s'exalte son amour de la couleur, de la lumière et sa délectation artistique. Sa formule de plus en plus large et libre surtout dans les aquarelles, évoque sans fixer, sans sujet et sans ligne, et dans le mystère de l'invention picturale, dépasse la peinture elle-même...»

En 1963, a lieu sa première grande exposition personnelle à la Galerie Spinazzola d'Aix en Provence, exposition qui fait dire au critique d'art Toursky :

« ... Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, et voici ZAWADO. Une immense fraîcheur émane de ses toiles ; un souffle de jeunesse, puissant et calme, traverse les frondaisons généreuses que brasse la lumière. Le regard émerveillé aborde aux transparents matins de l'Ile Heureuse, et des harpes d'abeilles se mettent à vibrer dans la tiédeur des falaises de roses. Aux portes du Festival, on ne pouvait souhaiter mieux que cet épanouissement de la terre, ce concert d'étoffes légères, de confidences bucoliques et de sérénité fougueuse ! C'est l'aurore des faunes dans un monde sans péché. S'il est un art absolument dégagé, le voilà : entendez qu'il ne souscrit qu'à son auteur, en marge
des affinités, des tendances, des modes... »

Désormais ZAWADO expose surtout dans le midi de la France, parfois en compagnie d'autres amis peintres. Cependant une très importante rétrospective a lieu en 1975 à Cracovie. Elle est suivie en 1976, d'une exposition personnelle à New-York : à la « Kosciuszko Foundation ».
De nombreux « esprits cultivés », tout un monde cosmopolite, fait d'écrivains (notamment à la recherche de souvenirs sur Modigliani), de politiques, d'acteurs, mais surtout de peintres aixois ou même étrangers viennent le rencontrer.
Il reçoit la visite de son grand ami Sir Matthew Smith, puis de Tal Coat, Derain, Masson....
Par deux fois il rejoint l'Espagne pour revoir les lieux devenus jadis si familiers. Entre les deux guerres, période pendant laquelle il retrouve sa nationalité polonaise, il retourne en Pologne pour la présentation de ses expositions.
La dernière décennie, celle de 1970, ZAWADO peint surtout la campagne aixoise, la Drôme provençale, les Alpes de Haute Provence, ou encore quelques paysages de la mer méditerranée si proche.
Chaque année, il effectue un séjour en Italie du Nord, du côté du lac de Garde et en rapporte des aquarelles.

Le 15 Novembre 1982, Zawado s'éteint dans sa propriété d'Aix en Provence